Et si la transition écologique commençait d’abord par la prise de conscience de soi et de son environnement ?

Lamiaa Biaz
4 min readSep 21, 2022

Entretien avec Nicole Bernard, Professeur de Taï Chi et de Méditation

Un jour, Nicole Bernard m’a expliqué la différence entre « être » et « faire » et cela a créé un changement profond dans ma vie. Même plus tard, lorsque j’ai démarré mon aventure « zéro déchet », c’est cette notion qui m’a aidé à modifier mon comportement à l’égard du plastique et des déchets de manière générale.

Dans un article où je raconte comment j’ai éliminé le plastique et les déchets de ma vie, j’avais conclu en disant « ne faites pas, soyez ». Quelques lecteurs m’ont demandé d’expliquer cette phrase. Qui mieux que Nicole Bernard pourrait nous éclairer sur la différence entre « être » et « faire » ?

Quelle est l’origine de cette phrase ?

Il s’agit d’une notion qui existe depuis la nuit des temps. C’est un sujet courant dans le taoïsme et pour toute personne qui s’est intéressé à l’humain et à sa manière de fonctionner.

Quelle est la différence entre « être » et « faire » ?

Ce sont deux choses intimement liées. D’une part, « faire » signifie être dans l’action dans le réel. Cependant, « faire » commence par la pensée car toute action est précédée par une intention. Si celle-ci est insuffisante, il n’y aura pas d’action.

Si nous prenons l’exemple du plastique, « faire » ce n’est pas seulement : je pense que c’est bien d’arrêter le plastique mais c’est aussi : ne pas acheter le plastique dans la boutique ! Pour arrêter d’utiliser le plastique, l’intention seule n’est pas suffisante.

D’autre part, « être », c’est ce qui émane de moi sans que je ne fasse rien. Et ce qui est magnifique c’est que j’ai la capacité d’agir à l’intérieur de moi et ainsi de me transformer. Par opposition, le « faire » a la capacité d’agir à l’extérieur.

Pourquoi est-il important d’être dans « l’être » plutôt que « le faire » ?

La manière dont tu vas agir est aussi importante que l’action elle-même. Si tu arrives au supermarché et que tu n’achètes pas ton yaourt emballé dans un pot en plastique en étant en colère de ne pas l’acheter, ton action n’a pas le même impact que si elle est portée par un centrage et une compréhension d’un contexte plus vaste.

L’impact de l’action n’est profond que si ce que je fais est porté par ma manière d’être. C’est énergétique : l’énergie de la colère n’a pas la même qualité que celle qui émane du centrage et de la compréhension.

Comment être dans « l’être » peut transformer la vie d’une personne ?

En étant dans « l’être », la vie d’une personne est transformée. Aussi, la relation à tout est transformée. C’est comme passer de 10m2 à 1000m2.

Être dans « l’être » est en lien avec la mission qu’on a sur terre de découvrir qui on est. Tous les êtres vivants ont cette même mission : la mission d’une marguerite c’est de devenir une marguerite ; de même la mission de toute personne est de devenir qui elle est. Notre mission c’est « d’être » et non pas être qui on aimerait être.

Comment fait-on pour basculer « du faire » à « l’être » ?

Par la prise de conscience. Quand tu vas dans un magasin et que tu ne prends pas de plastique, tu le fais par prise de conscience. Il faut donc élargir sa conscience. Plus tu as conscience, plus tu vas agir de sorte que ça modifie ton être et son environnement.

La prise de conscience signifie développer une connaissance de soi-même : « qu’est-ce que je pense ? », « qu’est-ce que je ressens ? », « quelles sont mes motivations inconscientes ? ».

Tant que tu n’as pas commencé à te connaitre toi-même tu vas difficilement réussir à influencer ton être car le premier pas est la prise de conscience.

Donc la première étape serait de se demander qui suis-je ?

Oui exactement. Se connaitre n’est pas égocentrique. Se connaitre c’est se connaitre soi-même et connaitre l’espace autour de soi. En réalité, il s’agit d’avoir conscience de soi et de son environnement aussi.

Si tu as juste conscience de ce que tu es en train de faire sans avoir conscience de ce qui passe autour de toi, alors tu es dans « le faire ».

Comment développer cette prise de conscience du soi et de l’espace autour ?

Grâce au travail corporel. Le corps et la posture font partie de l’être. Il faut développer une conscience de son corps et de l’espace corporel. Tout travail corporel énergétique amène à développer cette conscience et à être dans « l’être », car la réalité où tu habites dans la vie quotidienne c’est ton corps physique.

C’est donc dans le corps que ça se passe. Le ressenti passe par le corps qui nous lie à la terre. Sans connexion au corps, il n’y a pas de connexion à la terre.

Peux-tu nous donner trois conseils à mettre en pratique ?

Je vais donner quatre conseils :

· Avoir une activité qui amène une conscience corporelle globale (Yoga, Taï chi, Qi Gong, etc.),

· Faire silence quelques minutes tous les jours,

· Faire un travail de dépouillement pour développer une connaissance de soi-même,

· Devenir soi-même avec joie.

Entretien avec Nicole Bernard, Professeur de Taï Chi et de Méditation

--

--

Lamiaa Biaz

Je partage avec vous des articles pour vous aider dans votre transition vers la permaculture et le zéro-déchet. En savoir plus ? http://www.captainforest.com/